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Article pour brochure de salon d’Art funéraire:

Tendance à mort

De poussière nous retournerons à la poussière…. Dernière tendance née Outre-Manche, les enterrements «green» arrivent en France. Exposés au Salon international de l’art funéraire de Paris, les cercueils en laine Hainsworth ont fait sensation. L’industrie lainière anglaise moribonde serait-elle en passe de ressusciter sur le dos de notre repos éternel? Au design arrondi, ces cercueils biodégradables aux teintes claires ont un aspect très «cosy»! Hainsworth les présente comme «une douce et réconfortante alternative aux traditionnels cercueils en bois». Humour anglais? Pas sûr.

Des cercueils en laine biodégradables…

Dans son usine du Yorkshire, les cercueils en laine bouillie de Rachel Hainsworth s’étagent dans un vaste hangar en attendant d’être expédiés aux quatre coins du Royaume. Les sujets de sa majesté plébiscitent ces ultimes demeures laineuses qui tiennent plus du couffin que du traditionnel cercueil. Avec ces dernières demeures d’un genre nouveau, Rachel Hainsworth compte bien redorer le blason de l’usine familiale datant de 1783. Le marché des enterrements verts serait en pleine expansion. Au Royaume-Uni, près d’un enterrement sur cent serait «eco-friendly». Le marché international s’annonce lui aussi prometteur. Les ateliers Hainsworth reçoivent déjà des commandes d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, des Etats-Unis et de Nouvelle-Zélande. Les cercueils en laine viennent compléter la gamme composite de l’usine faite d’uniformes de la Garde royale de Buckingham –l’usine confectionne des uniformes militaires depuis la bataille de Waterloo–, de couvertures rayées canadiennes dont la fabrication a été abandonnée au Yorkshire, de feutrine verte de tapis de billard exportée pour l’essentiel en Chine. C’est en discutant avec le pasteur que l’idée d’un cercueil en laine a germé dans l’esprit de notre descendante de lainiers. Pour encourager le commerce de la laine, le Parlement anglais vote en 1666 le Burial Woollen Act qui exige d’enterrer les morts dans un suaire en laine. Tout contrevenant doit s’acquitter d’une amende de cinq livres. Et Rachel Hainsworth de se remémorer la prestigieuse commande qu’honora son père en 1965, en fournissant le drap du sarcophage de Winston Churchill. Une idée en appelant une autre, celle du cercueil en laine bouillie s’imposa alors à Rachel Hainsworth. Restait l’épineux problème du design. Pas question d’emprunter au cercueil «parisien», ni au «lyonnais», encore moins au cercueil «tombeau»! La matière réclamait une forme douce. Il fut décidé de gommer l’aspect anguleux des cercueils traditionnels pour laisser place à de tendres arrondis. Renforcé de carton, le cercueil en laine Hainsworth prit une forme oblongue et fut capitonné de coton molletonné, qui finit de lui donner son aspect de nid douillet bien éloigné de la triste solennité des cercueils en bois. Un «pardessus sans manches»-expression désignant le cercueil dans la langue de Molière! – d’un genre nouveau était né. Une révolution dans l’art funéraire!

…aux cimetières écologiques

Dans la même veine, toujours chez nos voisins anglais, il est désormais possible de s’offrir un repos éternel qui préserve l’environnement, et se faire enterrer dans un cimetière… écologique! Les Woodland Burial Cemeteries se sont multipliés ces dernières années aux quatre coins du Royaume-Uni. Cimetières sans pierres tombales qui adoptent l’aspect de prairies où poussent librement herbes folles et petites fleurs des champs, où seuls de jeunes arbres signalent les défunts et qui préparent de futurs futaies. «Un hymne lyrique à la nature…qui ne nécessite aucun entretient de la part des familles…», «une façon positive d’envisager la mort, en rendant à la nature ce qui lui revient…» peut-on lire sur le site de ces cimetières d’un genre nouveau.

Un simple portique de bois signale l’entrée du Brinkley Woordland Cemetery non loin de Cambridge, seul signe qui le distingue des champs environnants. Il faut s’y engager pour apercevoir ça et là à même le sol de petites plaques de cuivre dissimulées sous la végétation et sur lesquelles sont gravés un nom et une date. Ici, point de caveaux ni de sépultures ostentatoires, mais la nature pour unique concession! Ce dépouillement fait songer irrésistiblement à la description de l’inhumation de Catherine Linton dans Les Hauts de Hurle-Vent: «À la surprise des gens du village, Catherine ne fut inhumée ni dans la chapelle, sous le monument sculpté des Linton, ni en dehors près des tombeaux de sa famille. Sa fosse fut creusée sur un tertre verdoyant dans un coin du cimetière, à un endroit où le mur est si bas que la bruyère et l’airelle de la lande ont fini pas passer par dessus, et qu’il est presque enfoui sous une couche de terre tourbeuse.» Les écolos de sa Majesté seraient-ils d’incorrigibles romantiques? A Brinkley, loin de la lande d’Emily Brontë, il se dégage plutôt une impression de solitude désolée. Le lieu semble abandonné, et les morts condamnés à l’oubli. Comment imaginer venir se recueillir dans ce champ livré aux mauvaises herbes où se mêlent bien quelques pieds d’alouette, d’euphorbes, de campanules, d’anémones et de vipérine, mais où bruissent des milliers d’insectes charnus dont les entrailles renferment l’explication de toute cette macabre diversité…

(Image : encre de Sam Francis)

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